Entré tard à 27 ans en Maîtrise de sciences et technique au SATIS (promotion 1999-2001), Alexandre Auque sortait d’une maîtrise de sociologie du cinéma puis d’une période de travail sur les docks, où il réparait des containers… Il a fallu qu’il révise sérieusement l’optique et la physique pour le concours !

Alexandre_Auque_ITWDurant mes études à SATIS, un projet important a été le déclic pour mon futur professionnel. Arte organisait une opération qui s’appelait Rushes : la chaîne envoyait des séquences de films à plusieurs écoles, à charge pour les étudiants de proposer un montage. Jacques Sapiéga, mon directeur de mémoire, m’a proposé de me prêter au jeu.

Je suis parti sur un truc un peu bizarre, en insérant des textes de Deleuze et Beckett et en travaillant avec un musicien. Quand je l’ai présenté à Arte, la chaîne a aimé et j’ai décroché un stage. Je suis arrivé à un très bon moment, avec l’essor d’internet. Arte a très vite voulu mettre du contenu en ligne, notamment de la vidéo. On m’a confié des sujets que je tournais et que je montais moi-même.

“Pour Mystères d’archives, je disposais de cinq semaines de montage !”

Je suis passé sur Court-Circuit, une émission d’Arte sur le cinéma court. On avait du temps, trois jours pour monter des 13 minutes. En parallèle, j’ai commencé à beaucoup travailler avec des réalisateurs sur des 26 minutes, puis des 52 minutes. Quand ma collaboration avec Court-Circuit s’est arrêtée, je travaillais déjà avec d’autres sociétés de production.

En 2004, j’ai rencontré un réalisateur, Serge Viallet, passionné d’histoire. Il a lancé Mystères d’archives, une collection de films de 26 minutes. On disposait de trois semaines de préparation et de cinq semaines de montage pour décortiquer des documentaires d’actualité comme les premiers pas de l’Homme sur la Lune : comment cela avait été mis en scène, quelle caméra avait été utilisée ?…

“Se consacrer pleinement à une émission, c’est aussi courir le risque de se couper de son réseau”

Je me suis consacré entièrement à cette émission, me coupant du coup de mon réseau. Quand j’ai voulu passer à autre chose, j’ai été un peu effrayé du vide professionnel que j’avais fait autour de moi… Cela a pris une bonne année avant que je refasse surface, vers 2009.

J’ai pu retravailler avec des gens très intéressant, comme Luc Lagier, avec qui j’ai fait des films sur le cinéma (les 50 ans de la Nouvelle Vague, Milos Forman, Luis Bunuel…), toujours pour Arte. En 2011, j’ai collaboré à Blow Up, un magazine de cinéma sur internet. Il y a aussi eu une vraie rencontre Laetitia Masson, avec qui j’ai fait une fiction-documentaire sur Benjamin Biolay.

Tout cela passait par deux ou trois sociétés de production, qui sont un peu mes ports d’attache aujourd’hui encore. Je me suis un peu éloigné de Blow Up et depuis un an et demi, j’ai fait deux cinquante deux minutes sur les Emirats Arabes Unis avec Frédéric Compain. J’ai aussi travaillé sur un film dans la série Sexe et musique, sur le trouble des genres dans la musique pop.

“J’aime la recherche de formes et de rythmes d’un documentaire”

Mes dernières collaborations m’ont également beaucoup apporté. J’ai notamment participé à la réalisation du coffret DVD sur Pierre Etaix. Je me suis retrouvé quelques jours en salle de montage avec cette légende du cinéma français, qui garde un enthousiasme intact. Nous avons monté ensemble les bandes-annonces des DVD. Un souvenir merveilleux.

Je n’ai plus touché une caméra depuis des années, je ne travaille plus que dans le montage. J’aime la recherche de formes et de rythme d’un documentaire, les échanges avec le réalisateur. Je fais aussi un peu d’étalonnage, je sais me servir d’After Effects et de Photoshop : j’exerce finalement plusieurs métiers dans le monde de la post-production.

“Quand tu sors du SATIS, tu ne te la racontes pas”

Quand je regarde en arrière, je constate que le SATIS a été un moment charnière dans ma vie. J’y ai signé le début d’un chapitre important, même si je ne le réalisais pas à l’époque. Quand tu sors du SATIS, tu ne te la racontes pas trop. Cela m’a permis d’adopter une posture assez saine par rapport au milieu. Il faut savoir garder cette attitude.


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