Passé par le SATIS entre 1989 et 1991, Farid Adou a depuis tracé son chemin dans le monde de l’audiovisuel et de la presse. Tout au long de son parcours professionnel, il a gardé à l’esprit une chose apprise lors de sa formation : ne jamais perdre le sens que l’on veut donner à la création.

Après des études dans la communication et la publicité, j’ai travaillé comme concepteur-rédacteur chez EuroRSCG à Marseille dans les années 80. Musicien, j’ai connu les débuts de l’informatique personnelle dans ce secteur (ordinateurs Atari, logiciels CuBase et Notator…). Ces nouveaux outils multipliaient ma créativité et ouvraient plus largement le champ des possibles.

A force de voir des réalisations faites par d’autres dans ce domaine, j’ai eu envie moi aussi de mettre mes idées en scène. J’ai passé le concours du SATIS et je me suis retrouvé de nouveau sur les bancs de l’école, pour mon plus grand plaisir !

“L’audiovisuel ne se résume pas à la création”

Ce qui était génial (et que j’ai réalisé quelques années après), c’était de pouvoir accéder directement aux outils. Et en même temps, de comprendre ce qu’on faisait : qu’est-ce qu’un son, une image, comment on stocke des informations sur une bande magnétique… Mon mémoire m’a révélé que l’audiovisuel ne se résume pas à la création, que le sens de ce qu’on veut dire compte tout autant.

Je me souviens d’un chouette projet mené au SATIS, un film sur les cascadeurs. L’expérience du tournage fut une expérience humaine formidable.

Après le diplôme, les choses furent moins idylliques : j’ai découvert le statut d’intermittent ! Aller chercher le boulot, créer des opportunités… J’ai eu la chance de rencontrer un peu par hasard Yves Launnoy, producteur de l’émission Intervilles. Il m’a alors dit un truc qui m’a marqué : “dans nos métier, ne pas avoir de bol est une faute professionnelle !”

“La convergence des médias me ramène à mon métier de base”

J’ai été cadreur pour quelques émissions de télévision et des films institutionnels ou publicitaires. Mais le potentiel dans le Sud n’était pas énorme quand j’y repense… Au milieu des années 90, j’ai commencé à m’intéresser aux bornes interactives, j’en ai développé plusieurs pour des villes. J’ai pris petit à petit une orientation multimédia.

Je suis monté à Paris et j’ai travaillé pour Grolier Interactive. Je suis devenu directeur de l’audiovisuel puis directeur de la publicité dans des filiales du groupe Crédit Agricole. Les budgets étaient importants et on pouvait faire plein de choses.

Quand internet est arrivé, j’ai intégré un gros projet avec TF1 pour créer un portail concurrent de Wanadoo en qualité de responsable éditorial. J’ai rejoint le groupe de presse Uni-Editions en 2006 avec comme objectif de faire prendre à ce groupe de presse traditionnel le tournant du numérique .

UniEditions
Uni-Editions est un groupe d’édition multimédia présent sur les principaux segments de la presse magazine grand public (DR).

Finalement, depuis la convergence des médias et l’explosion de la vidéo, on me redemande de faire mon métier de base : la production audiovisuelle ! La différence se fait aujourd’hui sur les compétences plus que les outils, qui sont devenus abordables.

“Je crois beaucoup à la fidélité dans les relations professionnelles”

C’est le dénominateur commun du SATIS : le fond n’est pas dans la technique. Certes, c’est nécessaire mais tout s’apprend. Il ne faut par contre pas perdre de vue le sens que l’on veut donner à sa création.

Le réseau est primordial. Quand j’étais jeune, je n’osais pas demander. Avec les années, je me suis rendu compte que personne ne m’attendait. Les projets se font avec ou sans nous. Les portes ne s’ouvrent pas toutes seules.

Il faut entretenir son réseau. Je crois beaucoup à la fidélité dans la relation. Cela vaut pour les amis, mais aussi pour les relations professionnelles. Ce n’est pas du copinage, je prends quelqu’un parce que je le connais, je sais que je peux lui faire confiance. Je connais ses compétences, sa motivation et aussi ses limites.

SATIS Alumni nour permet d’échanger avec nos pairs

Les nouveaux outils aident à entretenir ce réseau et nous laissent entrevoir de nouveaux modes de production, comme la co-conception ou la co-réalisation. Cela me rend optimiste pour l’avenir de nos métiers, même si la pression budgétaire les rendent difficiles. Il reste beaucoup de territoires à explorer. Les formations et les savoirs se transmettent aussi beaucoup plus vite.

L’initiative de SATIS Alumni lancée par Rémi Adjiman tombe à point. Elle nous permet de nous situer par rapport aux autres en échangeant avec nos pairs. C’est aussi une manière de rendre aux jeunes ce qu’on nous a donné.

J’ai d’ailleurs une confidence à faire : l’anniversaire des 25 ans m’a vraiment redonné la pêche pour mon boulot ! Voir chez les plus jeunes toute cette fraîcheur et ces nouveaux regards sur le métier est très motivant. L’énergie et l’enthousiasme portés par ce réseau sont vraiment précieux.


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